Il
est des oeuvres qui remuent notre « moi profond », qui bousculent
notre mémoire, et qui exercent sur nous une profonde attirance
en nous mettant tout simplement face à nous-mêmes. Des oeuvres
qui nous parlent dans un langage qui nous parait si lointain et
pourtant si familier. Des oeuvres qui taquinent notre mémoire,
et nous incitent à la Proustienne recherche du temps perdu.
Patrick Quinot réside dans le piétonnier du
vieux Namur, où il a son atelier. Il y vit son art à la manière
des anciens : à même la rue, les portes de son atelier toujours
ouvertes pour que le passant, « l'être », entre à son rythme et
découvre cette oeuvre qui ne peut laisser indifférent tant elle
bouleverse. Les couleurs sont chaudes, bouillantes de vie, riches
en matières.
Etrange séduction, fascination à la vue de cette oeuvre d'où l'être
transcende et d'où surgissent tant de questions sur la vie et
la mort, éternelle dualité. Pourquoi la vie ? La mort ? Pourquoi
le temps ? Qui sommes-nous et d'où venons-nous ? Vient alors une
nouvelle dimension : celle de la trace. « ...les jaune, orange
et rouge réchauffent le regard, tandis que la matière et de nouveaux
reliefs attirent les mains et captent la lumière. Peu à peu, cette
luminosité prend forme....La vie passe, la mort s'installe, mais
la trace demeure. Avec les « aciers » à taille humaine, Quinot
semble être convaincu. Il plonge son travail dans la troisième
dimension. La trace n'est pas seulement ancrée dans le temps,
elle a aussi sa place dans l'espace. Cette fois, le face à face
est inexorable. Un être de métal lisse, froid et noir, se dresse
devant le spectateur. Sur son visage, le peintre s'est attardé.
On devine la chaleur de la douce matière sur l'acier glacial.
L'émotion est immense et puissante, autant que le désir d'accompagner
l'artiste dans sa quête... » (Isabelle Bondroit).
Au travers de son fil rouge, Patrick Quinot nous
place dans un rôle d'acteur, nous proposant de laisser nos traces
dans son oeuvre qui prend dès lors une dimension collective. Parmi
ses dernières créations, la plupart sur acier, sa dernière exposition
à la Pommerage présentait notamment ses installations de sculptures
(« golems », que l'on a vu à Gent, Liège, et Bruxelles en passant
par Oostende et bien sûr à Namur, où il est devenu un acteur incontournable
dans toutes les manifestations culturelles organisées dans la
ville), et ses « moulins à prières », ainsi que diverses autres
pièces de la série « oeuvre au noir ». L'homme lui-même est un
personnage d'une richesse peu commune, passionnant et vivant tous
les instants avec passion et une spiritualité qui illumine son
oeuvre.
Expositions
à la Pommerage en juin 2003 et 2004.